Protéger ses gouaches demande quelques précautions, car, comme toutes les créations sur papier, elles restent fragiles. On trouve d’ailleurs aujourd’hui des « vernis pour gouache », ce qui laisse entendre qu’une protection est nécessaire une fois l’œuvre terminée.
Mais est-ce vraiment le cas ? Que peut apporter un vernis, et quelles sont ses limites ? Y a-t-il des contre-indications ? Des alternatives ?
Dans cet article, on fait le point pour que la protection de vos œuvres à la gouache n’ait plus de secrets pour vous.
Protéger ses gouaches
Les peintures faites sur papier sont tributaires des sensibilités de celui-ci : Un papier peut se déchirer, se tacher ou se plier selon les environnements dans lesquels il se trouve.
Le premier travail de protection que l’on doit donc effectuer est celui de la bonne conservation du papier.
Protection des gouaches non encadrées
Non encadré, les tableaux sur papier se conservent dans un carton à dessin adapté à leur taille, et qui ne déborde pas déjà d’autres papiers. Si ce sont des petits formats, ils peuvent également trouver leur place dans un classeur.
Ainsi, laisser son tableau à la gouache sans protection dans un tiroir rempli de fournitures artistiques de toutes formes n’est pas l’idée du siècle. De même, laisser sa création fraîchement terminée sur son bureau et décider de poser sa tasse de café juste à côté pendant une discussion téléphonique mouvementée est à classer dans les pratiques à éviter.
Si vous peignez dans un carnet (voir mon article peindre à la gouache dans un carnet) alors votre peinture est parfaitement protégée par le carnet en lui-même.
Protection des gouaches encadrées
Pour encadrer vos peintures à la gouache, un sous-verre permettra de palier aux potentiels accidents qui pourraient tacher le papier ou réactiver la peinture (notamment par le biais de projections).
L’usage d’un passe-partout est ici purement esthétique, il n’y a pas de contre-indications à utiliser un cadre simple et à avoir un contact entre la vitre et la peinture (Sous réserve que la vitre soit bien sûr propre).
Et pour protéger les gouaches sur toile ?
Le sous-verre reste très fortement recommandé pour ne pas risquer de tacher la gouache. Sauf… Si vous utilisez un produit annexe pour la sceller. C’est ce que je vous propose de voir tout de suite.
Vernir une gouache : Pourquoi et comment ?
La mauvaise raison de vernir ses gouaches
Peut-être est-ce parce qu’elle est associée à la peinture des enfants, mais de nombreuses personnes pensent que la gouache aurait une mauvaise résistance à la lumière. Rien n’est plus faux.
Comme n’importe quelle peinture, la gouache existe en différentes catégories :
Professionnelle, études, poubelle.
Oups, je recommence : Professionnelle, études, sites de vente de multiples produits d’origine très lointaine et d’apparence économique mais qui restent bien trop chers pour ce que c’est.
Pardon, je me suis encore trompée : Professionnelle, études, autres.
Les gouaches de gamme professionnelle, comme par exemple Schmincke Horadam, Winsor & Newton, ou encore les gouaches Daniel Smith, ont les mêmes caractéristiques que les autres peintures comme les huiles ou les aquarelles : Elles sont faites à partir de vrais pigments, et testées pour leur résistance à la lumière. Charge à l’artiste de se procurer des pigments stables pour s’assurer de peindre des gouaches durables.
Vernir des gouaches d’études
Théoriquement, un vernis peut prolonger la durée de vie des couleurs. En effet, certains contiennent des filtres anti-UV qui ralentissent la dégradation des pigments sous l’effet de la lumière. Mais, cela ne peut pas les rendre totalement inaltérables… Et cela changera l’aspect de votre tableau.
Il n’y a pas de miracle. Si votre but est de créer des oeuvres résistantes à la lumière, rien ne remplace l’usage de pigments résistants à la lumière.
Pourquoi protéger ses gouaches avec un vernis ?
Parce que le vernis altère le rendu des couleurs et des tracés, son usage doit être réfléchi. En effet, la gouache est une peinture matte et veloutée. La vernir aura pour effets :
- De foncer les couleurs.
- De créer des reflets.
- De flouter légèrement, dans certains cas, les tracés.
- De ne plus permettre de retoucher son tableau.
Il y a à mon sens une seule raison valable de faire subir cela à sa création : La volonté de l’imperméabiliser. Dans mon cas, je souhaite imperméabiliser les gouaches que je peins en guise de couverture de mes carnets de croquis faits à la main. Mon carnet va traîner sur des tables de restaurants, sur l’herbe, dans le sable, et je ne veux pas qu’il se tache (trop). Donc, je le vernis pour essayer de préserver son aspect.
D’autres personnes peuvent souhaiter imperméabiliser leur gouache si elles souhaitent les accrocher au mur sans vitre. Notamment, si elles ont peint sur toile.
Comment vernir une gouache ? Les différentes méthodes
Méthode 1 : Le vernis
La première méthode à laquelle on pense est la plus simple : Le vernis pour gouache.
Mon avis : J’ai testé le vernis Lefranc & Bourgeois spécial gouache, et laissez-moi vous dire que je n’ai pas été impressionnée. Le rendu est hétérogène, certaines couleurs semblent absorber le vernis tandis que d’autres se mettent à briller.
La méthode : Si cette expérience vous a donné une folle envie de tester (je comprends, ça fait rêver) je vous conseille de vous mettre dehors, un jour sans vent, en posant de préférence votre peinture sur un grand carton qui dépasse généreusement de chaque côté. Pulvériser en décrivant des « S » et en commençant à pulvériser en dehors du tableau (C’est pour ça que le carton est important, il permet de moins vernir le jardin ou le balcon qui n’a rien demandé). Cela évite que la buse potentiellement encombrée ne se mette à projeter d’horribles gouttes de vernis sur votre création. Plusieurs couches sont nécessaires, en attendant que la précédente ait séché.
Si vous n’avez pas d’extérieur, essayez de ne pas trop respirer, ou portez un masque, car c’est un produit toxique. Aérez soigneusement la pièce.
Méthode 2 : Protéger ses gouaches avec de la cire
Cette méthode est plutôt efficace pour imperméabiliser. La cire Dorland’s est le plus plébiscitée pour les gouaches, mais aussi pour les aquarelles. Il s’agit en réalité d’un mélange de cire, de résine végétale, d’huile de lin, et de térébenthine.
La méthode : C’est avec un coton qu’elle s’applique le mieux. Il est courant de voir sur youtube des personnes plonger allègrement leurs doigts non protégés directement dans le pot pour l’étaler sans cérémonie sur leur création, mais la présence des résines rend ce produit potentiellement irritant pour les peaux sensibles.
On passe une à deux couches de cire en laissant bien sécher entre les deux. On peut polir au chiffon pour un rendu plus doux.
Mon avis : Je trouve que les tracés sont moins nets sous la couche de cire, et certaines couleurs foncent.
Le toucher est pour ma part fort désagréable, comme c’était pour cirer un carnet de voyage, j’ai été amenée à tripoter ces couvertures tous les jours pendant mon séjour et ce n’était pas terrible. La cire a tendance à garder les poussières en restant juste assez collante pour elles. Mais il est bon de noter qu’après quelques mois, le toucher a totalement changé et il est devenu parfaitement lisse.
Méthode 3 : Protéger sess gouaches avec vernis + vernis-colle
Le vernis-colle type Mod Podge ne peut absolument pas être utilisé directement sur la gouache, car il contient de l’eau. Autant vous dire que vous auriez un beau pâté à la clé avec la réactivation de la peinture.
En revanche, passez une couche de vernis en aérosol en premier pour stabiliser la peinture, et vous voilà libre d’étaler votre vernis colle sans problème.
Mais pourquoi s’embêter avec ce vernis-colle, vous demandez-vous peut-être ?
Nous l’avons évoqué, le vernis en aérosol est, à mon humble avis, très peu esthétique, et au toucher on sent que le papier est toujours très vulnérable. En revanche, le vernis-colle a l’avantage de déposer une couche très homogène de matière, et celle-ci durcit véritablement en séchant, créant une barrière protectrice bien plus efficace.
Mon avis : C’est la meilleure solution que j’ai trouvé en attendant d’investir dans une plastifieuse pour les couvertures de mes carnets, mais aussi pour mes marque-pages.
En conclusion, et pour partager mon expérience personnelle : Je n’utilise que des gouaches professionnelles résistantes à la lumière. Cela me permet de ne pas avoir à utiliser le moindre produit qui dénaturerait mon travail.
Dans le seul cas où j’ai besoin de les imperméabiliser, lorsqu’il s’agit non plus d’un tableau mais d’un objet, alors la combinaison vernis + vernis-colle a ma préférence.
Vous savez tout de la protection de ses oeuvres à la gouache ! Si vous débutez dans cette technique, ne manquez pas mon guide complet : Débuter à la gouache.
